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Une pétition contre la loi Duplomb dépasse 500.000 signatures, ouvrant la possibilité d'un débat inédit à l'Assemblée
information fournie par AFP 19/07/2025 à 20:01

Fleur Breteau, membre du collectif Cancer Colère, intervient depuis la tribune réservée au public, à l'Assemblée nationale (en haut au centre), pour protester contre le vote de la loi "Duplomb", le 8 juillet 2025 ( AFP / Guillaume BAPTISTE )

Fleur Breteau, membre du collectif Cancer Colère, intervient depuis la tribune réservée au public, à l'Assemblée nationale (en haut au centre), pour protester contre le vote de la loi "Duplomb", le 8 juillet 2025 ( AFP / Guillaume BAPTISTE )

La pétition d'une étudiante va-t-elle relancer le débat sur la controversée loi Duplomb ? Le texte a franchi samedi les 500.000 signatures sur le site de l'Assemblée nationale, du jamais-vu, ouvrant la voie à une discussion sur le bien-fondé de cette loi mais pas à son réexamen.

Lancée le 10 juillet, deux jours après l'adoption du texte du sénateur LR Laurent Duplomb qui autorise la réintroduction d'un pesticide, elle a récolté samedi, en début de soirée, près de 600.000 signatures.

A partir de 500.000, et si les signatures sont issues d'au moins 30 départements ou collectivités d'outre-mer, la Conférence des présidents de l'Assemblée peut décider d'organiser un débat en séance publique. Mais seule la pétition sera débattue. La loi ne sera pas réexaminée sur le fond et encore moins éventuellement abrogée.

Aucune pétition n'a jamais été débattue dans l'hémicycle dans l'histoire de la Ve République.

Contacté par l’AFP, le ministère de l’Agriculture n'a pas souhaité réagir.

Le texte d'Eléonore Pattery a suscité un engouement inédit, abondamment relayé sur les réseaux sociaux par des personnalités comme Pierre Niney et des députés de gauche.

Sur le réseau LinkedIn, l'étudiante de 23 ans espère qu'il atteigne désormais "le million" de signatures pour "révolutionner le monde d’aujourd’hui (...) contre toutes les injustices".

"Grâce à votre mobilisation, l'Assemblée nationale devra à nouveau débattre de ce texte qui met en danger notre planète et notre santé !", a réagi La France insoumise, dans un message sur X relayé par son leader Jean-Luc Mélenchon.

Le patron des députés socialistes Boris Vallaud a réclamé l'inscription de la pétition à l’ordre du jour de l’Assemblée "dès la rentrée".

"Face aux lobbies, nous sommes des millions: l'écologie contre-attaque", s'est félicitée sur X la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, tandis que l'ancienne ministre et députée Génération Ecologie Delphine Batho demandait à Emmanuel Macron de "ne pas promulguer" la loi.

A l'inverse, Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, premier syndicat agricole, très favorable à la loi Duplomb, a estimé que l'agriculture française "disparaîtra" si on lui impose "des normes supérieures" à celles de ses voisins européens.

- L'écologie "contre-attaque" -

Cette loi "est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire", écrit dans sa pétition l'étudiante.

Adoptée le 8 juillet au Parlement, elle prévoit notamment la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l'acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit en France mais autorisé en Europe.

Ce produit est notamment réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n'avoir aucune alternative contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale.

A contrario, les apiculteurs mettent en garde contre "un tueur d'abeilles". Ses effets sur l'humain sont aussi source de préoccupations, même si les risques restent incertains, faute d'études d'ampleur.

La pétition réclame également "la révision démocratique des conditions dans lesquelles la loi Duplomb a été adoptée".

Au Parlement, elle avait en effet connu un parcours expéditif avec une motion de rejet préalable, déposée par son propre rapporteur Julien Dive (LR) pourtant favorable au texte. Le député l'avait justifié en dénonçant l'"obstruction" de la gauche, qui avait déposé plusieurs milliers d'amendements.

L'absence de réel débat dans l'hémicycle est l'un des arguments avancés par les députés de gauche qui ont déposé un recours le 11 juillet devant le Conseil constitutionnel, espérant sa censure pour vice de procédure, ce qui pourrait empêcher sa promulgation.

- "Perte de temps" -

Opposants et partisans de la loi s'étaient fortement mobilisés en dehors mais aussi à l'intérieur du Palais Bourbon, et ont encore exprimé leurs désaccords samedi.

"Tout recommencer serait une grande perte de temps et une finalité perdante pour le monde agricole", a estimé à l'AFP Quentin Le Guillous, secrétaire général des Jeunes agriculteurs.

"On va de problèmes en problèmes. Quand on n’aura plus d’agriculteurs, il n’y aura plus besoin de faire des pétitions", a commenté Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole".

Mais, pour la Confédération paysanne, la pétition montre que la loi Duplomb "n'est pas du tout soutenue par la société".

Elle "dit beaucoup du ras-le-bol silencieux d'une majorité de Françaises et Français à l’égard d'une classe politique trumpisée, qui n’a de cesse de sacrifier l'écologie sur l'autel de l'agro-industrie", a renchéri l'association Agir pour l'environnement.

La porte-parole du collectif "Cancer colère", Fleur Breteau, qui avait fait une intervention remarquée à l'Assemblée au moment de l'examen de la loi Duplomb, a salué une "prise de conscience" autant qu'un "revers" pour le gouvernement et sa loi de la "honte".

9 commentaires

  • 20 juillet 11:17

    Plus de 724000 signatures à cette heure


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